Maladie également connue sous les appellations d’actinodermatose et d’actinite, la lucite est une affection dermatologique potentiellement pénible, qui est déclenchée par la lumière du soleil et l’exposition artificielle au rayonnement ultraviolets (UV). Chez les personnes génétiquement prédisposée et particulièrement dans les climats tempérés, elle se manifeste au printemps etau début de l’été. La démangeaison qui en résulte peut causer des souffrances importantes. La lucite est également définie comme une photodermatose primaire idiopathique.

On distingue principalement deux formes de lucite, à savoir la lucite estivale bénigne et la lucite polymorphe. Les cas sévères peuvent entraîner une détresse émotionnelle, de l’anxiété et une dépression. Les traitements incluent la prévention par l’évitement du soleil, la thérapie par la lumière supervisée et le contrôle des symptômes avec des crèmes stéroïdes.

Petite histoire de la lucite

À la suite des conclusions de son prédécesseur, Robert Willan, Thomas Bateman a tout d’abord enregistré une description de la maladie au XIXe siècle, la définissant comme un eczéma solaire avec des lésions eczémateuses récurrentes non cicatricielles, qui sont déclenchées par une exposition au soleil. Le médecin danois Carl Rasch a décrit pour la première fois une maladie ressemblant à de l’eczéma en 1900, à la suite de son intérêt pour l’effet de la lumière solaire sur la peau. On lui a attribué depuis le terme de « lucite polymorphe ».

Thomas Bateman aurait décrit la lucite comme un eczéma solaire

Qu’est-ce que la lucite polymorphe ?

Généralement, le premier épisode se développe au printemps après la première exposition à un soleil intense. D’autres épisodes éruptifs peuvent se produire plusieurs heures à plusieurs jours après l’exposition initiale.

La maladie apparaît sur les zones de la peau nouvellement exposées au soleil, telles que :

  • la partie visible de l’encolure
  • le dos des mains
  • les bras
  • les jambes les pieds
  • le visage

Des sensations de brûlure et de fortes démangeaisons peuvent aussi apparaître. De petites papules lisses à coiffe rouge qui se regroupent en plaques, de petites vésicules remplies de liquide et des lésions ressemblant à un érythème polymorphe, peuvent également apparaître.

En outre, ces symptômes peuvent survenir dans d’autres parties du corps chez les personnes traitées par la photothérapie pour des affections cutanées inflammatoires. L’éruption est habituellement assez symétrique et caractéristique pour chaque individu. La fièvre, la fatigue et les maux de tête sont parfois associés à l’éruption, mais c’est rare.

L’éruption cutanée peut persister plusieurs jours à quelques semaines, disparaissant spontanément sans laisser de cicatrices, à condition d’éviter toute exposition ultérieure au soleil. Récurrente chaque année, l’éruption peut parfois durer plusieurs jours en cas d’exposition persistante et répétée au soleil. Les caractéristiques de l’éruption peuvent inclure des grappes denses de petites bosses et de cloques, des taches rugueuses rouges et surélevées, ainsi que des démangeaisons ou brûlures. Rarement, les patients peuvent présenter d’autres signes ou symptômes, tels qu’une  fièvre, des frissons, de même que des maux de tête ou la nausée.

Qu’est-ce que la lucite estivale bénigne ?

La lucite estivale bénigne est une allergie courante au soleil qui se présente généralement sous la forme de petites taches rouges accompagnées de démangeaisons extrêmes. Malgré son nom, la maladie ne se produit pas qu’en été.On pense que le déclencheur de cette maladie est une exposition prolongée aux rayons UV, et en particulier aux rayons UVA. Apparaissant généralement 2 à 3 jours après l’exposition initiale au soleil, l’éruption tend à diminuer au bout de 5 à 14 jours. Cependant, les chances de récidive sont élevées.

Environ 10 à 20% de la population est touchée par cette affection dermatologique, principalement les femmes âgées de 15 à 25 ans. Les principales zones du corps touchées sont l’encolure, la partie supérieure de la poitrine, les bras et les jambes. L’une des caractéristiques distinctives de cette affection est que le visage est généralement exempt d’éruption cutanée.

La lucite estivale bénigne diffère de la bourbouille en ce que cette dernière condition se développe lorsque les canaux sudoripares sont obstrués et que la transpiration est emprisonnée sous la peau. Bien qu’une éruption cutanée rouge apparaisse également avec la bourbouille, elle a tendance à être limitée aux plis de la peau ou aux endroits où les vêtements provoquent des frictions.

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Lucite estivale

Quelle est la cause de la maladie ?

La cause exacte de cette maladie n’est pas bien comprise. L’éruption cutanée apparaît chez les personnes qui ont développé une sensibilité aux composants de la lumière solaire, et en particulier aux rayons ultraviolets. Elle peut également être provoquée par d’autres sources de lumière,telles que les lampes de bronzage. Il en résulte une activité du système immunitaire qui provoque une éruption cutanée.

Le rayonnement UV

 Le rayonnement UV est une longueur d’onde située dans une plage trop courte pour être vue par l’œil humain. La lumière ultraviolette qui atteint la terre est divisée en deux bandes: l’ultraviolet A (UVA) et l’ultraviolet B (UVB).

Une personne présentant une sensibilité peut réagir aux deuxtypes de rayonnement UV. Les rayons UVB ne pénètrent pas dans le verre, mais ce n’est pas le cas des rayons UVA. Les UVA peuvent même pénétrer à travers la plupart des écrans solaires.

 Ainsi, l’exposition au soleil par les fenêtres avec une peau protégée contre le soleil peut provoquer une réaction chez certaines personnes.

La photosensibilité

La sensibilité au soleil diminue avec l’exposition répétée. Les caractéristiques de la lucite polymorphe sont assez prévisibles:

Un épisode éruptif est le plus susceptible de se produire après la première ou les deux premières expositions au soleil après une longue période d’absence d’exposition. Cela signifie généralement qu’un épisode peut se produire au printemps, au début de l’été ou pendant les vacances d’hiver dans un lieu ensoleillé.

Les épisodes sont moins susceptibles de se produire à mesure que l’été avance. Après le premier épisode d’éruption, il est probable que d’autres épisodes se reproduisent chaque printemps ou au début de l’été. Certaines personnes deviennent progressivement moins sensibles au fil des années et finissent par ne plus avoir l’éruption du tout.

Quels sont les facteurs de risque ?

Toute personne peut développer une lucite polymorphe, mais certaines personnes y sont plus susceptibles, en raison d’un certain nombre de facteurs comme :

  • être une femme
  • développer son premier épisode pendant l’adolescence ou la vingtaine
  • avoir la peau claire et vivre dans les régions du nord
  • avoir des antécédents familiaux
Une réaction aux UV du soleil

Qui peut souffrir de lucite estivale ?

La maladie affecte généralement les femmes adultes âgées de20 à 40 ans, bien qu’elle affecte parfois les enfants et les hommes dans 25% des cas. Elle est particulièrement fréquente dans les endroits où l’exposition au soleil est rare, comme en Europe du Nord. Elle toucherait 10 à 20% des femmes en vacances dans la région méditerranéenne. Elle est moins commune en Australie. Il a également été signalé qu’elle était relativement commune en haute altitude.

La maladie peut affecter tous les phototypes de peau, bien qu’elle soit plus souvent diagnostiquée sur les peaux blanches que sur les peaux de couleur. Il existe une tendance génétique, qui est parfois associée ou confondue avec la photosensibilité due au lupus érythémateux.

Quelles peuvent être les conséquences de la maladie ?

Richards et al. ont constaté que la lucite avait un impact psychosocial considérable sur les patients atteints de la maladie. Sur la base des résultats du questionnaire de perception de la maladie envoyés à 302 patients et retournés par 150 patients, 40% ont ressenti une détresse émotionnelle liée àl a lucite.

L’impact psychologique était lié aux conséquences prévues,alors que les variables liées à la santé ont joué un rôle moins important. Les femmes associaient des conséquences plus graves à la maladie et étaient plus sujettes à une détresse émotionnelle que les hommes.

Quelle est l’épidémiologie de la maladie ?

 La lucite affecte environ 10% de la population américaine. Ce chiffre est probablement sous-estimé car de nombreux patients ne consultent pas un médecin. Beaucoup de photodermatoses ont été regroupées avant l’identification de leurs pathogénèses individuelles. L’allergie au soleil est maintenant une entité clinique distincte, à l’instar de nombreuses autres photodermatoses comme l’urticaire solaire, la dermatite photo-allergique, l’hydroa vacciniforme, la dermatite actinique chronique, la porphyrie érythropoïétique, et le lupus érythémateux.

  Hémorroïdes

En 2007, Kerr et Lim ont identifié 280 patients atteints de photodermatoses. Cent trente-cinq (48%) étaient des Afro-Américains, 110 (40%) étaient de race blanche et 35 (12%) étaient des patients d’autres races. Ils ont noté une proportion significativement plus élevée d’Afro-Américains atteints de cette maladie par rapport aux Blancs.

Benanni et al. ont noté une faible incidence chez les greffés rénaux et Hönigsmann a signalé une prévalence de 10 à 20% aux États-Unis et en Europe occidentale.

Deng et al ont utilisé un questionnaire pour interroger 4899résidents (49% d’hommes et 51% de femmes) de villages chinois choisis au hasard dans le comté de Yuan Jiang, dans la ville de Kunming, dans le comté de Lijianget le comté de Shangri-La. Les altitudes de ces régions étaient respectivement de 380 mètres, 1870 mètres, 2410 mètres et 3280 mètres. La prévalence de cette maladie dermatologique était 0,65% et était 3,8 fois plus élevée chez les femmes que chez les hommes. Aux altitudes plus élevées, la prévalence augmenté.

La maladie est particulièrement répandue en Europe centrale et en Scandinavie. La lucite touche 21% de la population suédoise. En Allemagne, le ratio femmes/hommes estde 9/1.

La maladie affecte tout le monde. Dans l’ensemble, les antécédents familiaux sont positifs chez environ 15% des patients. Cependant,les Amérindiens ont une forme héréditaire avec une transmission autosomique dominante apparente. 75% des personnes interrogées ont mis en évidence la maladie chez un membre de leur famille.

Comment diagnostique-t-on une allergie au soleil ?

Cette allergie est diagnostiquée cliniquement par son apparition typique quelques heures après l’exposition au soleil et par la clairance après quelques jours. L’éruption cutanée se limite aux sites exposés et se compose souvent de papules et de plaques érythémateuses.

Parfois, une biopsie cutanée est nécessaire pour poser un diagnostic. La lucite présente des caractéristiques histopathologiques caractéristiques, avec un œdème dermique supérieur et un infiltrat lymphocytaire périvasculaire dense. Des modifications eczémateuses peuvent être présentes. La fluorescence immunitaire directe est négative, sauf si le patient a un lupus érythémateux cutané.

Il est habituel de procéder à une numération sanguine et à un contrôle des anticorps antinucléaires et des antigènes nucléaires extractibles circulants en cas de lupus érythémateux cutané photosensible.

Le photo test n’est généralement pas pratiqué chez les patients atteints de cette affection, mais des tests quotidiens de provocation aux UVA pendant 3 jours sur une petite zone de la peau peuvent confirmer le diagnostic.

Allergie au soleil

Comment prévenir l’allergie au soleil ?

On ne sait pas comment prévenir complètement la maladie.Cependant, de nombreuses personnes peuvent éviter de développer une éruption cutanée en utilisant une protection solaire efficace pendant les heures les plus chaudes de la journée,en été.

Couvrez les zones touchées avec des vêtements de protection solaire fortement tissés.Choisissez des vêtements UPF 40+, le cas échéant. Appliquez fréquemment une crème solaire semi-opaque SPF 50+ sur toute la peau non recouverte. Restez à l’ombre.

De nombreux patients considèrent les suppléments nutritionnels antioxydants comme une mesure préventive utile. Ceux-ci comprennent :

  • le nicotinamide
  • l’extrait de Polypodium leucotomas
  • les carotènes (bêta-carotène, astaxathanine et canthaxanthine)

Certaines personnes atteintes de lucite réussissent à endurcir progressivement leur peau au soleil.Pour ce faire, il faudrait accroître progressivement le temps passé l’extérieur avec la peau découverte, en commençant par une exposition de quelques minutes au printemps. On peut aussi recourir à une photothérapie 2 à 3 fois par semaine pendant 4 à 6 semaines au début du printemps.

Un court traitement par stéroïdes oraux peut être prescrit pour réduire le risque d’éclosion pendant les vacances d’été, mais elle ne convient pas à long terme en raison de ses effets néfastes et de ses risques.

L’hydroxychloroquine est le traitement continu le plus courant prescrit aux personnes gravement atteintes. Des médicaments immunosuppresseurs tels que l’azathioprine sont parfois utilisés.

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Comment traiter la lucite ?

Il n’y a pas de remède contre la lucite, mais l’utilisation de crèmes solaires et l’évitement du soleil vous aideront à gérer ses manifestations.

 Évitez le soleil,en particulier entre 11h et 15h lorsque les rayons du soleil sont les plus forts, et portez des vêtements de protection à l’extérieur (à moins que vous n’endurcissiez votre peau). Présentez votre peau au soleil progressivement au printemps.

Crème solaire

On vous prescrira peut-être des écrans solaires pour empêcher l’éruption de se développer. Utilisez une crème solaire avec un FPS de 30 ou plus avec un bon indice UVA. Appliquez-le en couche épaisse et uniforme et renouvelez régulièrement l’application.

Crème solaire

Crèmes et onguents stéroïdes

 Votre médecin généraliste peut vous prescrire une crème ou une pommade à base de corticostéroïdes (stéroïdes) qui n’est appliquée que lorsque l’éruption apparaît. Vous devez l’appliquer avec parcimonie, aussi souvent que votre médecin vous le recommande, et jamais en l’absence d’éruption cutanée.

Désensibilisation ou traitement aux UV

Il est parfois possible d’augmenter la résistance de votre peau au soleil. Cela implique de visiter un service de dermatologie hospitalier 3 fois par semaine pendant 4 à 6 semaines au printemps. Votre peau est progressivement exposée à un peu plus de rayons ultraviolets à chaque visite pour tenter de renforcer sa résistance. Les effets de la désensibilisation sont perdus en hiver, vous devrez donc renforcer votre résistance au printemps.

Endurcissement

Vous pourrez augmenter la résistance de votre peau à la maison. Ceci est connu sous l’appellation d’endurcissement et implique de sortir pour de courtes périodes au printemps afin de développer votre résistance.

Vous devrez commencer par de courtes expositions, puis augmenter progressivement la durée d’exposition. Vous devrez faire attention à ne pas en faire trop. A mesure que vous commencerez à comprendre la façon dont la lumière déclenche votre éruption cutanée, vous serez en mesure de juger combien de temps il faudra rester dehors.

Tout comme pour la désensibilisation, les effets du durcissement sont perdus en hiver. Vous devrez donc renforcer votre résistance au printemps.

Vitamine D

Les personnes présentant une allergie à la lumière solaire présentent un risque accru de carence en vitamine D, car une certaine exposition au soleil est nécessaire pour fabriquer votre propre vitamine D. Votre médecin vous indiquera si vous avez besoin d’un traitement par suppléments de vitamine D.

Perspective

De nombreuses personnes atteintes d’une allergie à la lumière solaire constatent que leur peau s’améliore au fil des ans. Votre peau peut se durcir (devenir plus résistante à la lumière du soleil) pendant l’été, ce qui signifie qu’une plus grande quantité de soleil peut être tolérée sans que votre peau ne réagisse. L’éruption peut même éventuellement disparaître d’elle-même, bien que ce soit inhabituel.

L’endurcissement de la peau ne réussit pas toujours, et certaines personnes ayant une peau très sensible peuvent même avoir des éruptions cutanées en hiver. Pour ces personnes, le changement de style de vie et les crèmes solaires peuvent être nécessaires à long terme.

Existe-t-il des remèdes maison contre la lucite ?

Les mesures de soins personnels qui peuvent aider à atténuer vos signes et symptômes incluent:

  • l’application d’une crème anti-démangeaison : essayez une crème anti-démangeaison en vente libre, contenant au moins 1% d’hydrocortisone.
  • la prise d’antihistaminiques : si les démangeaisons sont un problème, les antihistaminiques oraux peuvent aider.
  • l’utilisation de compresses froides : appliquez une serviette humide sur la peau affectée avec de l’eau froide du robinet ou prenez un bain froid.
  • laisser les ampoules intactes : pour accélérer la guérison et éviter l’infection, laissez les ampoules intactes. Si nécessaire, vous pouvez recouvrir légèrement les blisters de gaze.
  • la prise d’un analgésique : un analgésique en vente libre peut aider à réduire les rougeurs ou la douleur. Ceux-ci comprennent l’ibuprofène (Advil, Motrin IB,autres), l’acétaminophène (Tylenol, autres) et le naproxène sodique (Aleve, autres).